Les Gabonais savent-ils vraiment conduire ? Une conduite qui défie la logique et le code de la route

Dans les rues du Gabon, la conduite automobile ressemble à une véritable jungle où chacun semble suivre ses propres règles. Klaxons intempestifs, dépassements hasardeux, arrêts brusques en pleine voie : autant de comportements qui laissent perplexes et posent une question cruciale. Les Gabonais savent-ils réellement conduire ou faut-il considérer que le code de la route est un mythe national ?
Le chaos organisé : quand la route devient un champ de bataille
Dans les grandes agglomérations comme Libreville, Port-Gentil ou Franceville, la conduite est marquée par une absence presque totale de discipline. Dépassements dangereux, non-respect des priorités, stationnements sauvages : ces comportements sont devenus la norme. Pourtant, ces pratiques ne relèvent pas uniquement de l’indiscipline individuelle. Elles traduisent également des lacunes dans la formation des conducteurs et dans l’application des sanctions.
Passent-ils réellement le code de la route ?
Obtenir un permis de conduire au Gabon suppose théoriquement de passer un examen théorique (code de la route) et une épreuve pratique. Mais cette exigence est souvent contournée. “Je n’ai jamais passé d’examen. Un ami m’a aidé à obtenir mon permis rapidement”, confie un conducteur.
Les auto-écoles, censées garantir une formation rigoureuse, ne remplissent pas toujours leur rôle. Certaines privilégient la rapidité au détriment de la qualité, délivrant des attestations de formation sans réelle préparation.
La délivrance des permis : entre procédures officielles et pratiques douteuses
Le permis de conduire est délivré par la Direction générale des transports terrestres sous la supervision du ministère des Transports. Cependant, le processus est souvent entaché de pratiques corruptives.Des témoignages indiquent qu’il est possible d’obtenir un permis sans suivre les étapes officielles. “Avec un bon contact et un peu d’argent, tout peut être réglé”, explique un ancien intermédiaire. Ces réseaux informels alimentent un flux constant de conducteurs non qualifiés, contribuant à l’anarchie sur les routes.
Les taximen, symboles d’un système défaillant
Les chauffeurs de taxi, qui assurent une grande partie des déplacements urbains, sont régulièrement pointés du doigt. Leur conduite, perçue comme imprudente et agressive, cristallise les critiques.Cependant, ces comportements sont aussi le fruit d’une pression économique intense.
“On doit travailler vite pour couvrir les frais du véhicule et ramener un revenu à la maison“, explique un taximan. Ce contexte ne justifie pas les infractions, mais il souligne la nécessité d’une réforme plus globale.
Des autorités passives face au défi routier
Les forces de l’ordre, chargées de réguler la circulation, jouent un rôle crucial dans ce tableau. Pourtant, les contrôles routiers sont souvent inefficaces, se concentrant davantage sur des aspects administratifs que sur la sécurité.
De plus, les allégations de corruption affaiblissent encore davantage l’efficacité des dispositifs existants. L’absence de sanctions strictes crée un sentiment d’impunité qui alimente les comportements irresponsables.
La situation routière au Gabon est le reflet d’un problème systémique où se mêlent indiscipline individuelle, carences institutionnelles et absence de régulation efficace. Redonner au code de la route sa place centrale nécessite une volonté politique forte et une prise de conscience collective.