POLITIQUE

Marche nationale pour Oligui Nguema : une nouvelle stratégie ou un retour aux anciennes pratiques ?

Ce samedi, le Gabon a été témoin de marches simultanées dans toutes les grandes villes, organisées en soutien à la candidature de Brice Clotaire Oligui Nguema pour l’élection présidentielle de 2025. Si ces manifestations affichent une mobilisation massive, elles rappellent étrangement des méthodes déjà vues sous le régime d’Ali Bongo Ondimba. Une continuité qui interroge sur la véritable rupture annoncée par le Président de la Transition.

Une organisation massive mais familière

Les images de foules vêtues de t-shirts à l’effigie du Président Oligui Nguema, scandant des slogans en sa faveur, ont inondé les réseaux sociaux. Une mobilisation soigneusement orchestrée grâce à une campagne intense sur Internet, notamment via WhatsApp et Facebook. Cependant, cette stratégie de mobilisation évoque des pratiques bien connues du passé, où les manifestations étaient minutieusement encadrées et financées pour afficher une adhésion populaire souvent questionnée.

« Nous avons déjà vu cela sous Ali Bongo : des marches organisées, des slogans uniformes, et des foules mobilisées sous pression ou par incitation. Ce n’est pas nouveau », critique un observateur politique.

Une rupture promise mais des pratiques anciennes

Depuis son arrivée au pouvoir après le coup d’État d’août 2023, le Général Oligui Nguema s’est présenté comme un homme de rupture, promettant de tourner la page sur les pratiques contestées de l’ancien régime. Pourtant, cette marche nationale laisse planer le doute sur la sincérité de cette promesse.

« Le vrai changement aurait été de laisser une mobilisation populaire authentique émerger, sans recours à ces méthodes. Se débarrasser des vieilles pratiques, c’est cela que le peuple attend », estime un militant de la société civile

Une campagne avant l’heure financée par qui ?

L’ampleur de la mobilisation, avec des moyens conséquents – banderoles, transports organisés, logistique, repas – pose la question cruciale de son financement. Si les organisateurs n’ont fourni aucune explication, des soupçons émergent sur une possible utilisation de fonds publics ou de réseaux proches du pouvoir pour financer l’événement.

« Il est troublant de voir des ressources aussi importantes mobilisées pour une marche alors que des secteurs essentiels comme la santé et l’éducation souffrent d’un manque chronique de moyens », déclare un un acteur politique.

Une population divisée

Si certains participants affirment leur soutien sincère à Oligui Nguema, d’autres témoignages révèlent un sentiment d’obligation, voire de manipulation.

« On m’a demandé de participer, et j’ai accepté parce que tout le monde y allait, mais honnêtement, cela ressemble à ce que nous avons vécu sous Ali Bongo. Je pensais que cela changerait », confie un habitant de Libreville.

Cette division illustre le défi auquel Oligui Nguema est confronté : convaincre qu’il incarne une réelle rupture avec le passé et non une continuité déguisée.

Une stratégie risquée

En cherchant à afficher une force populaire, cette marche pourrait se retourner contre ses organisateurs. Elle rappelle à de nombreux Gabonais les pratiques controversées de l’ancien régime, qu’Oligui Nguema avait promis d’abandonner.

Dans un contexte où la transparence et la rupture avec le passé sont des attentes majeures, cette démonstration de force pourrait alimenter les critiques et renforcer le scepticisme d’une partie de la population.

À l’approche des élections présidentielles, une question demeure : le Président Oligui Nguema saura-t-il véritablement se débarrasser des méthodes de l’ancien régime, ou est-il condamné à reproduire un système qu’il promettait pourtant de transformer ?

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