Raymond Ndong Sima et la relance agricole au Gabon : Entre espoirs et controverses, un pari à haut risque

Le Premier ministre Raymond Ndong Sima a récemment pris la parole pour défendre avec vigueur les initiatives agricoles et d’élevage lancées par son gouvernement. Dans un message publié sur Facebook, il s’en est pris à ses détracteurs, notamment ceux qu’il désigne sous l’acronyme ironique “COPIL” (Constellation des Opportunistes Inséparables du Larbinisme). Mais derrière ces passes d’armes politiques, un enjeu de taille demeure : la crédibilité et la viabilité de la relance agricole au Gabon.
Une ambition affichée pour l’autosuffisance alimentaire
Le Gabon dépend à près de 70% des importations alimentaires, un constat alarmant qui motive le gouvernement à développer une agriculture plus robuste. Le projet du ranch de Ndendé et l’initiative Agropag visent ainsi à relancer la production bovine et agricole à grande échelle. Un effort qui, s’il aboutit, pourrait avoir des répercussions positives sur l’économie locale et la sécurité alimentaire du pays.
Cependant, ces initiatives ne font pas l’unanimité. De nombreuses voix critiquent leur mise en œuvre, mettant en avant des doutes sur la gestion du projet, le choix des bénéficiaires et les risques sanitaires liés aux importations de bétail du Brésil. La défiance est accentuée par le fait que le fils du Premier ministre est impliqué dans le projet, une situation qui suscite des accusations de népotisme.
Polémiques autour du népotisme et de la transparence
Raymond Ndong Sima a répliqué en défendant la présence de son fils dans l’un des projets agricoles, affirmant qu’il avait les compétences requises et qu’il n’y avait rien d’illégal dans son implication. “Un, oui et alors ? Ne serait-il pas gabonais ?” a-t-il déclaré. Mais cette réponse ne dissipe pas toutes les interrogations, car dans un pays où le clientélisme est une préoccupation majeure, la transparence reste un enjeu crucial.
De plus, certaines critiques dénoncent l’opacité de la sélection des jeunes envoyés en formation agricole au Brésil. Qui a bénéficié de cette opportunité ? Quels critères ont été retenus ? Des réponses claires sont attendues afin de rassurer une population de plus en plus méfiante vis-à-vis des décisions politiques.
Un débat politisé au détriment du développement
Au-delà des tensions entre le gouvernement et ses opposants, le développement du secteur agricole gabonais ne devrait pas être un sujet de division. L’agriculture est un pilier stratégique qui nécessite une vision claire, une gestion rigoureuse et un consensus national. La relance de ce secteur ne pourra être effective que si elle est portée par une volonté collective et une transparence irréprochable.
Si les initiatives actuelles permettent même une avancée partielle, elles représenteront déjà un pas important vers l’autosuffisance alimentaire. Toutefois, leur succès dépendra de la capacité du gouvernement à instaurer un climat de confiance et à prouver que ces projets ne servent pas uniquement des intérêts privés ou politiques.
Le Gabon ne peut plus se permettre que son avenir agricole soit l’otage de querelles partisanes. L’heure est à la mise en œuvre concrète des solutions, avec des résultats visibles et mesurables, loin des polémiques stériles qui freinent le progrès.