Alain-Claude Bilie-By-Nze et Stéphane Germain Iloko, la fracture qui fragilise l’opposition

Libreville, 3 mars 2025 – À l’approche de l’élection présidentielle prévue cette année, l’opposition gabonaise se trouve plongée dans une crise interne aux conséquences potentiellement dévastatrices. La récente passe d’armes entre Alain-Claude Bilie-By-Nze, président de la plateforme Ensemble pour le Gabon, et Stéphane Germain Iloko, l’un des membres fondateurs de cette même plateforme, a mis en lumière les fractures profondes qui minent les rangs de l’opposition. Au-delà des querelles d’égos, cette division risque de compromettre sérieusement les chances d’une alternance démocratique face au CTRI (Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions).
Une opposition en ordre dispersé
La discorde a éclaté publiquement lorsque Stéphane Germain Iloko a dénoncé, sur son compte Facebook, la proposition de report des élections avancée par Alain-Claude Bilie-By-Nze et soutenue par Ali Akbar Onanga, Pierre-Claver Maganga Moussavou et Albert Ondo Ossa. Selon Iloko, cette initiative ne faisait pas partie des discussions internes de Ensemble pour le Gabon et n’engage nullement la plateforme. Il a notamment critiqué la manœuvre comme étant contre-productive et susceptible de brouiller davantage le processus de transition démocratique.
Cette prise de position révèle un manque flagrant de coordination au sein de l’opposition et expose une réalité préoccupante : loin de constituer un front uni face au pouvoir, les opposants semblent plus enclins à s’entre-déchirer publiquement qu’à bâtir un projet politique cohérent. Ce spectacle peu reluisant renforce l’image d’une opposition désorganisée, incapable de s’accorder sur l’essentiel.
Le report des élections : une stratégie risquée
La proposition de report du scrutin avancée par Bilie-By-Nze et ses alliés vise officiellement à garantir des élections plus transparentes et inclusives. Or, cette initiative est perçue par de nombreux observateurs comme une manœuvre dilatoire destinée à semer la confusion et à affaiblir le processus électoral. À l’inverse, Stéphane Germain Iloko estime que le respect du calendrier électoral est crucial pour éviter tout vide juridique et préserver la crédibilité des institutions.
En réalité, cette divergence illustre un problème plus profond : l’absence d’un leadership fort capable de fédérer les différentes sensibilités de l’opposition autour d’un agenda commun. Cette cacophonie expose les limites d’une coalition hétéroclite, plus préoccupée par ses rivalités internes que par l’intérêt national.
Une crise de confiance qui profite au CTRI
Le principal bénéficiaire de cette division n’est autre que le CTRI, dont le pouvoir se trouve paradoxalement renforcé par l’incapacité de l’opposition à présenter un front uni. En se disputant publiquement, Alain-Claude Bilie-By-Nze et Stéphane Germain Iloko offrent au régime une opportunité en or pour discréditer davantage l’opposition et consolider son emprise sur le processus de transition.
Cette querelle interne pourrait aussi avoir un effet désastreux sur le taux de participation, déjà menacé par le climat de méfiance généralisée envers la classe politique. Alors que le pays peine à se remettre des turbulences politiques récentes, l’image d’une opposition divisée risque de démobiliser les électeurs et de renforcer le sentiment que le changement est illusoire.