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Présidentielle 2025 : Brice Oligui Nguema mise sur le bilan plutôt que le débat

À l’orée d’une élection présidentielle cruciale pour l’avenir du Gabon, le président de la Transition et candidat, Brice Clotaire Oligui Nguema, a livré une interview très attendue sur Gabon Télévision et Gabon 24. L’occasion pour lui de dérouler une stratégie politique centrée non pas sur ses concurrents, mais sur les défis structurels du pays. Un exercice de communication maîtrisé… peut-être un peu trop, selon certains observateurs.

Un discours centré sur les « vrais ennemis »

Fidèle à une ligne de gouvernance pragmatique, le président-candidat a affirmé ne pas reconnaître d’adversaires politiques à l’élection du 12 avril prochain. À ses yeux, les seuls véritables défis sont le chômage, l’accès aux services de base (eau, électricité), les infrastructures vétustes et le coût élevé de la vie. « Mon adversaire, c’est le chômage des jeunes […], c’est la vie chère », a-t-il martelé, balayant d’un revers de main les sept autres candidats engagés dans la course.

Cette posture, qui semble s’inscrire dans une volonté de rupture avec les pratiques politiques classiques, vise à recentrer le débat sur les résultats obtenus en 19 mois de transition. Oligui Nguema invite ainsi les électeurs à comparer ses actions à celles des gouvernements précédents, jugés inefficaces malgré plusieurs décennies au pouvoir.

Un contraste assumé, mais un débat évité

Le président de la Transition n’a pas hésité à opposer son bilan, jugé tangible, à l’« immobilisme » de certains anciens ministres et à « l’inexpérience » de nouveaux venus dans l’arène politique. Une manière de se positionner comme l’homme du concret, du terrain, loin des promesses théoriques.

Mais cette stratégie soulève des critiques. Plusieurs voix dénoncent l’absence d’un véritable débat démocratique. « Où est la confrontation d’idées ? », s’interrogent certains citoyens sur les réseaux sociaux. Le refus assumé de citer ou d’affronter ses concurrents politiques peut être perçu comme un affaiblissement du jeu électoral et de la vitalité démocratique.

Une interview maîtrisée

L’entretien a également suscité des réactions quant à la posture des journalistes présents. De nombreux observateurs relèvent le caractère très lisse des questions posées, semblant éviter toute zone d’inconfort pour le président-candidat. « Une interview parfaitement maîtrisée sur le plan de l’image, mais peu exigeante sur le fond », commente un analyste politique. Certains estiment même que les questions semblaient calibrées pour coller aux réponses attendues, renforçant l’image d’un échange convenu plus qu’un réel moment de vérité.

Une campagne à suivre, un électorat à convaincre

Alors que s’ouvre la campagne officielle, une question demeure : cette stratégie de contournement de l’opposition politique au profit d’un discours sur les urgences nationales saura-t-elle convaincre un électorat de plus en plus exigeant, en quête de rupture mais aussi de clarté démocratique ?

L’histoire électorale gabonaise nous enseigne que la forme importe autant que le fond. Et si l’image du président s’est affirmée comme celle d’un homme d’action, le verdict final, lui, appartient au peuple.

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