POLITIQUE

Présidentielle 2025 : Oligui Nguema s’entoure des vestiges du système Bongo, la rupture attendra

L’annonce officielle de la composition de l’équipe de campagne du président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a marqué un tournant décisif dans la lecture politique du scrutin présidentiel du 12 avril 2025. En plaçant Jean Pierre Oyiba à la tête de la coordination générale, le président-candidat fait un choix qui, s’il peut s’expliquer sur le plan stratégique, expose aussi une contradiction profonde entre les promesses de rupture portées par la transition et les pratiques de continuité qu’elle semble désormais assumer.

Ce choix, loin d’être anodin, vient conforter une dynamique observable depuis plusieurs mois : la résurgence progressive des figures de l’ancien système au cœur du nouveau dispositif de gouvernance.

Une stratégie politique qui soulève des inquiétudes

Si l’on peut comprendre la volonté du président de s’appuyer sur des profils aguerris pour encadrer un processus électoral délicat, la nature des personnalités choisies pose question. À quoi sert une transition si elle aboutit à la reconduction, sous une autre forme, de ceux qui incarnaient hier un système honni par une large frange de la population ?

En l’occurrence, la reconduction implicite des réseaux du PDG dans la campagne présidentielle alimente un sentiment d’inquiétude : la transition aurait-elle échoué à construire une alternative crédible ? Le nouveau pouvoir chercherait-il à s’ancrer durablement en s’appuyant sur les structures de l’ancien régime ?

Une dissonance entre discours et pratiques

Depuis sa prise de pouvoir, Brice Clotaire Oligui Nguema n’a eu de cesse de promettre une refondation institutionnelle, une moralisation de la vie publique et une réhabilitation de la volonté populaire. Or, le choix des hommes et non des moindres qui porteront sa candidature jette un doute sur la sincérité de cette ambition.

À l’heure où de nombreux Gabonais espéraient l’ouverture d’un cycle politique nouveau, force est de constater que les logiques de fidélité politique, de clientélisme et de contrôle des appareils restent déterminantes.

Vers une légitimation biaisée ?

En organisant une élection présidentielle tout en exerçant le pouvoir, et en confiant les leviers de sa campagne à des cadres chevronnés de l’ancien régime, Oligui Nguema prend le risque d’être perçu non comme un chef d’État de transition, mais comme un candidat en quête de légitimation. L’équilibre entre neutralité de la transition et ambition personnelle semble désormais rompu.

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button