Gabon : Top départ de la campagne présidentielle, la transition touche à sa fin

Dix-huit mois après le coup d’État militaire du 30 août 2023, le Gabon entre dans une nouvelle séquence historique. Ce samedi 29 mars marque le lancement officiel de la campagne pour l’élection présidentielle prévue le 12 avril, point d’orgue d’une transition censée restaurer un pouvoir civil.
Parmi les huit candidats en lice, deux figures dominent la scène politique : le général Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition et candidat du Rassemblement des bâtisseurs, et Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre du président déchu Ali Bongo Ondimba. Ce duel électoral oppose deux incarnations du pouvoir : l’une, militaire et réformatrice ; l’autre, civile et en quête de rupture.
Une transition express au calendrier compressé
Initialement annoncée pour durer deux ans, la transition a été écourtée à moins de vingt mois. En janvier dernier, un nouveau code électoral a été voté, permettant au général Oligui de suspendre temporairement ses fonctions militaires pour se présenter. Son message : incarner la stabilité, poursuivre la lutte contre la corruption et “bâtir un nouveau Gabon”.
Mais pour ses détracteurs, à commencer par Bilie-By-Nze, cette candidature serait une continuité masquée du système Bongo, dont Oligui fut chef de la garde présidentielle pendant de longues années.
Des candidats aux profils variés
Outre les deux favoris, six autres candidats apportent de la diversité à cette élection : Joseph Lapensée Essingone (juriste et inspecteur des impôts), Stéphane Germain Iloko Boussengui (médecin), Axel Stophène Ibinga Ibinga, Alain Simplice Boungoueres, Thierry Yvon Michel Ngoma et Zenaba Gninga Chaning, seule femme en lice.
Certains prônent une refondation économique, d’autres un renouveau éthique. Le Dr Iloko, par exemple, mise sur une gouvernance centrée sur la jeunesse, la santé et la décentralisation.
L’ombre du passé et le poids des symboles
Le sort judiciaire de Sylvia Bongo et de son fils Noureddin continue de peser sur la scène électorale. Incarcérés depuis dix-huit mois sans jugement, ils sont devenus un sujet clivant. Oligui promet un procès équitable, ses opposants dénoncent une justice instrumentalisée. Leurs avocats accusent le régime d’actes de torture, accusations que Libreville rejette.
Une campagne sur fond d’enjeux multiples
Au-delà de la compétition électorale, ce scrutin s’annonce comme un test pour la crédibilité des institutions gabonaises. Il devra démontrer la capacité du pays à organiser des élections libres, apaisées et transparentes après plus d’un demi-siècle de domination par une seule famille. Oligui Nguema prévoit un grand rassemblement ce samedi à Libreville. Bilie-By-Nze multiplie les conférences et appelle à « une alternance sans revanche ». Les autres candidats déroulent progressivement leurs propositions.
Une page se tourne
Quoi qu’il en soit, cette élection ne scellera pas seulement la fin d’une transition. Elle ouvrira une nouvelle page du récit national, à écrire ensemble civils, militaires, jeunes, anciens dans un esprit de cohésion.Le compte à rebours est lancé. Les Gabonais auront la parole le 12 avril.