Gabon : Le CTRI dissous, le pays amorce une nouvelle séquence politique

Libreville, 3 mai 2025 – Le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), organe mis en place par l’armée gabonaise après le renversement du régime d’Ali Bongo Ondimba le 30 août 2023, a officiellement mis fin à ses activités le 2 mai 2025. Cette dissolution ouvre la voie à la restauration de l’ordre constitutionnel civil, avec l’entrée en fonction prochaine du président élu Brice Clotaire Oligui Nguema.
Une transition conclue dans les délais annoncés
C’est par la lecture solennelle du communiqué n°073 que le porte-parole du CTRI, le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, a confirmé la fin de la mission du comité militaire. Cette décision intervient à la suite de l’élection présidentielle du 12 avril 2025, remportée par le président de la Transition, Oligui Nguema, désormais en voie d’être investi comme président de la République à part entière.
« Conformément à l’article 37 de la Charte de la Transition, la prestation de serment du président élu met fin à la présidence de transition », a précisé le porte-parole, soulignant que les Forces de défense et de sécurité retourneront dans leurs casernes.
Des institutions provisoires maintenues
Toutefois, plusieurs institutions mises en place durant la transition continueront à fonctionner jusqu’à leur renouvellement. Il s’agit notamment du Parlement de la Transition, de la Cour constitutionnelle de la Transition, du Conseil économique, social et environnemental et des délégations spéciales. Une mesure transitoire prévue à l’article 171 de la nouvelle Constitution promulguée en décembre 2024.
Ces institutions, bien que temporaires, joueront un rôle clé dans la stabilisation de l’environnement institutionnel, en attendant l’organisation des prochaines élections législatives et locales.
Une transition sans heurts, mais des attentes fortes
Deux ans après la prise de pouvoir militaire, la phase transitoire s’achève dans un contexte politique relativement apaisé. Saluée par certains observateurs pour son organisation et sa volonté de réforme, la transition gabonaise a également été marquée par une concentration du pouvoir autour d’un noyau militaire. La transformation de cette gouvernance en leadership civil fera l’objet d’une attention particulière dans les mois à venir.
Avec son investiture imminente, le président Oligui Nguema devra incarner une nouvelle dynamique politique, axée sur la relance des institutions, la réforme de l’administration publique, la lutte contre la corruption et la relégitimation du processus démocratique. Le succès de cette nouvelle séquence dépendra en grande partie de sa capacité à rassembler les forces politiques, à renforcer l’unité nationale et à instaurer un véritable dialogue avec la société civile.
Le Gabon entame ainsi une phase de reconstruction institutionnelle et de redéfinition de ses priorités politiques. Si le processus de transition a permis une stabilisation post-crise, il pose désormais les bases d’un nouveau contrat social, dont la mise en œuvre reste à construire. À l’heure où le pays tente de tourner la page d’un passé politique marqué par les ruptures et les contestations, le défi du retour à la normalité démocratique s’annonce aussi complexe que décisif.