Togo : la Ve République ou la perpétuation maquillée du régime Gnassingbé

Sous les projecteurs d’une réforme institutionnelle présentée comme « historique », le Togo s’enfonce un peu plus dans ce que certains observateurs qualifient désormais de monarchie républicaine déguisée. Le 3 mai 2025, le pays a vu l’élection de Jean-Lucien Savi de Tové, ancien opposant respecté mais affaibli, à un poste de Président de la République vidé de tout pouvoir. Derrière cette mise en scène constitutionnelle, Faure Gnassingbé garde une main de fer sur le pays, camouflée sous les oripeaux d’un régime parlementaire.
Une réforme ? Non. Une ruse.
Officiellement, la Ve République est censée marquer un tournant démocratique. En réalité, elle institutionnalise l’effacement de la séparation des pouvoirs, consacre l’hégémonie du parti UNIR et confirme que la démocratie togolaise est un théâtre où les acteurs changent mais où le metteur en scène reste le même depuis deux décennies. Faure, désormais Président du Conseil des ministres, concentre tous les leviers du pouvoir : défense, diplomatie, administration, gouvernance. Le titre change, l’emprise demeure.
Une opposition instrumentalisée
En propulsant à la tête de l’État un vieil opposant, âgé de 86 ans, sans véritable base populaire ni force partisane, le régime tente de vendre à l’opinion publique et à la communauté internationale une illusion d’ouverture et de réconciliation. Mais qui peut croire encore que Jean-Lucien Savi de Tové, affaibli physiquement et politiquement, représentera une voix dissonante face à la toute-puissance de l’exécutif ? Il n’est là que pour incarner le décor d’un pouvoir qui ne veut ni rupture ni contradiction.
La continuité dans la confiscation
Depuis l’accession de Faure Gnassingbé au pouvoir en 2005, le Togo vit dans un cycle verrouillé : réformes cosmétiques, élections verrouillées, promesses non tenues, répressions violentes. La Ve République n’est qu’un nouvel acte dans cette tragédie politique où le peuple n’est jamais acteur mais toujours spectateur. Le pouvoir n’est ni décentralisé, ni partagé. Il est concentré, verrouillé, sacralisé.
Une démocratie en trompe-l’œil
Le Togo aurait pu écrire une nouvelle page de son histoire politique. Au lieu de cela, le régime recycle les figures anciennes, recycle le discours démocratique, et recycle sa propre domination. Faure Gnassingbé, fort de son appareil sécuritaire, de son parti unique déguisé, et de sa maîtrise du calendrier politique, continue d’étouffer toute alternance crédible.