Adrien Nguema Mba prône une réforme rigoureuse de l’administration municipale

Libreville, 21 mai 2025 – Lors d’une rencontre avec les responsables des services municipaux, le Délégué Spécial chargé de la gestion de la Commune de Libreville, Adrien Nguema Mba, a exposé avec fermeté son ambition de réformer en profondeur l’administration municipale. Un discours à la tonalité inédite, entre rappel à l’ordre et mise en garde, qui soulève autant d’attentes que de questions.
Dénonçant « la corruption, l’indiscipline et le manque de respect envers les autorités », le Délégué Spécial a dressé un bilan sévère du fonctionnement actuel de l’administration municipale. Il a exhorté les agents à opérer un “changement radical”, évoquant l’exigence du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, de mettre fin aux dérives récurrentes au sein des services publics.
« Le Président m’a demandé de vous dire de vous mettre sérieusement au travail pour redorer le blason de cette institution », a-t-il déclaré, laissant entendre que la patience des plus hautes autorités serait désormais limitée.
Si l’intention affichée est celle de la rupture avec un certain laisser-aller institutionnalisé, la méthode reste encore à préciser. Ni calendrier, ni plan d’action détaillé n’ont été annoncés. L’invocation des « pleins pouvoirs » désormais détenus par le Délégué interroge sur les garde-fous procéduraux qui encadreront l’exercice de cette autorité renforcée.
Un diagnostic partagé, des responsabilités diffuses
Le constat posé par Adrien Nguema Mba n’est pas nouveau. La faible efficacité des services municipaux, les suspicions de malversations et la défiance croissante des usagers sont documentées depuis des années. Cependant, en désignant principalement les agents municipaux comme sources du problème, le discours tenu passe sous silence les responsabilités partagées au sein de l’encadrement, du système de nomination, et de l’absence de mécanismes de contrôle transparents.
Aucune mention n’a été faite, non plus, des conditions de travail souvent précaires, du manque d’outils logistiques ou des retards de rémunération, autant de facteurs qui peuvent alimenter certaines pratiques déviantes. Dans ce contexte, l’efficacité d’un simple rappel à l’ordre moral demeure incertaine.
Concertation ou recentralisation masquée ?
Le Délégué Spécial a insisté sur sa volonté de travailler « en harmonie » avec les maires d’arrondissement. Pourtant, l’instruction donnée aux agents de ne se déployer sur le terrain qu’après s’être présentés aux Délégués Spéciaux d’arrondissement peut être interprétée comme un mécanisme de contrôle renforcé, voire une centralisation de l’action municipale.
Une telle orientation, si elle peut répondre à des impératifs de coordination, pose néanmoins la question de l’autonomie réelle des structures décentralisées dans une capitale en constante expansion.
Vers un changement durable ou un exercice de style ?
L’ambition de réformer l’administration municipale est saluée par une partie de l’opinion, lasse des lenteurs et des pratiques opaques. Mais les observateurs avertis s’interrogent : cette sortie médiatique du Délégué Spécial inaugure-t-elle un véritable tournant structurel ou s’inscrit-elle dans une rhétorique d’affichage politique, fréquente en début de mandat ?
En l’absence d’une stratégie globale incluant réformes statutaires, outils d’évaluation, formation continue, digitalisation des services et protection des lanceurs d’alerte, la crédibilité de cette promesse de rigueur pourrait rapidement s’éroder.
En attendant des actes concrets, les citoyens de Libreville, eux, continuent de faire face à une administration dont le fonctionnement quotidien reste, à bien des égards, en décalage avec les exigences contemporaines de transparence et de service public.