POLITIQUE

Où vont-ils ?Quand les démissionnaires du PDG prétendent “accompagner” Oligui Nguema

Libreville, le 26 mai 2025 | Par la rédaction de Gabonactu24

Ils partent. Un à un. Par grappes. En lettres bien rédigées, souvent pleines de “convictions personnelles”, de “désaccords profonds”, ou de ce désormais fameux refrain : “accompagner la vision du Président de la République”. Les cadres du Parti démocratique gabonais (PDG), qui hier encore louaient l’“infaillible leadership” d’Ali Bongo Ondimba, se présentent aujourd’hui comme les nouveaux apôtres du changement. Mais qui trompent-ils vraiment ?

L’“accompagnement” comme costume de l’opportunisme

Ce discours répété comme un mantra de vouloir “accompagner le Chef de l’État Brice Clotaire Oligui Nguema” est en train de devenir l’alibi parfait d’une classe politique en quête de réhabilitation. On quitte le PDG non par rejet d’un système qu’on a contribué à bâtir, mais pour continuer à en profiter… sous une autre bannière. Autrement dit, changer de façade sans changer les fondations.

Ce n’est pas une révolution, c’est un recyclage. Et dans ce jeu de chaise musicale, la parole “accompagner” devient suspecte. Car comment peut-on accompagner une rupture quand on est soi-même l’incarnation de la continuité ? Comment prétendre défendre la refondation après avoir fermé les yeux sur les dérives d’hier ?

Des ruptures sans autocritique, des départs sans courage

Que ce soit Paul Biyoghé Mba, Guy Patrick Obiang Ndong, Serge William Akassaga ou Éloi Nzondo, les profils changent mais la méthode reste la même : partir en silence, éviter les bilans, ne jamais évoquer sa propre part de responsabilité. L’autocritique ? Inexistante. Le mea culpa ? Jamais.

Pire, ces départs sont souvent déguisés en stratégies vertueuses. L’un invoque “les attentes du peuple”, l’autre parle de “convictions morales”. Mais aucun ne dit franchement ce que tout le monde comprend : le PDG ne distribue plus de postes, donc il est devenu inutile. Alors on frappe à d’autres portes. De préférence celles du nouveau pouvoir.

La porosité inquiétante du nouveau régime

Et ce qui inquiète davantage, c’est la réceptivité de certains cercles du pouvoir actuel face à ces ralliements. L’argument de “l’ouverture” ou de “l’apaisement” sert aujourd’hui à justifier la reconversion d’anciens dignitaires, sans que personne ne se demande ce qu’ils ont à offrir… sinon leur habileté à se maintenir.

Mais attention : la transition est finie. Le Gabon est officiellement entré dans la Cinquième République. Et dans cette nouvelle ère, il est dangereux de confondre refondation et reconduction déguisée. Intégrer dans l’appareil d’État ceux qui ont participé activement à la faillite institutionnelle, c’est valider les pratiques du passé tout en prétendant les combattre.

La jeunesse n’est pas dupe

Dans les quartiers, les campus, les milieux associatifs, la jeunesse gabonaise observe. Et elle n’est pas dupe. Elle voit bien que ceux qui chantent aujourd’hui les louanges de la rupture sont parfois les mêmes qui verrouillaient hier les mairies, les conseils départementaux, les ministères.

Cette jeunesse exige du concret, pas des carrières recyclées. Elle veut des visages neufs, des idées fortes, des institutions crédibles. Et surtout, elle réclame des comptes : à ceux qui partent, mais aussi à ceux qui les accueillent.

Accompagner, oui. Mais vers quoi ?

Accompagner le Président Oligui Nguema ? Pourquoi pas. Mais cela suppose un engagement réel pour la transformation du pays, pas une nouvelle stratégie de survie politique. Ce n’est pas le verbe qui pose problème, c’est le parcours de ceux qui le prononcent. À force de vouloir ménager tout le monde, le risque est grand de trahir l’esprit même de la rupture.

Car à trop tendre la main à ceux qui n’ont jamais changé de logiciel, le régime actuel pourrait finir par se noyer dans les eaux troubles de la compromission. Et l’histoire, elle, ne se contente pas d’intentions : elle jugera les actes.

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