Commémoration du 16e anniversaire d’Omar Bongo : le PDG invoque l’esprit du fondateur pour sa reconstruction

Par la rédaction de Gabonactu24 – Libreville, 9 juin 2025
Sevré du pouvoir depuis le 30 août 2023, le Parti démocratique gabonais (PDG) tente de raviver la flamme militante au moment où il traverse l’une des périodes les plus délicates de son histoire. À l’occasion de la cérémonie de commémoration du 16e anniversaire du décès de son fondateur, Omar Bongo Ondimba, les cadres du parti ont appelé à un sursaut collectif guidé par “l’esprit du PDG” et les valeurs du “grand camarade disparu”.
Entre recueillement mémoriel et volonté de rebond politique
Lors de cette cérémonie tenue au siège du PDG dans le 1er arrondissement de Libreville, le président du parti, Blaise Louembe, a livré un discours mêlant hommage solennel et message d’unité en temps de crise. « Que l’esprit du président-fondateur continue de nous guider dans les sentiers ténébreux et tortueux de notre vie politique », a-t-il déclaré devant un parterre de militants et d’anciens cadres encore fidèles.
Dans un ton empreint de nostalgie, Louembe a souligné le besoin d’ancrer la refondation du parti dans l’héritage idéologique d’Omar Bongo, alors que le PDG, fragilisé par une série de démissions depuis le coup d’État d’août 2023, cherche à retrouver sa légitimité dans l’opposition.
Le PDG en quête de repères après la rupture de 2023
Créé le 12 mars 1968, le PDG a été l’instrument du pouvoir d’État durant plus de cinq décennies. Après la mort d’Omar Bongo en 2009, son fils Ali Bongo en avait hérité avant d’en être écarté par la junte militaire dirigée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, à la suite de l’élection présidentielle controversée d’août 2023. Depuis cette rupture brutale, le parti a perdu de nombreux cadres, certains ayant rejoint les cercles du pouvoir de transition, dans une recomposition politique encore instable.
Cette perte d’influence s’est traduite par une crise d’identité au sein de la base militante, et une série de remises en question sur la pertinence du projet politique du PDG dans la nouvelle configuration nationale. C’est dans ce contexte de fragilité que les appels à la fidélité au “socle fondateur” prennent tout leur sens, même si les défis sont nombreux.
Un discours militant teinté de symbolisme
La Secrétaire générale du PDG, Angélique Ngoma, a elle aussi souligné la portée symbolique de l’événement. « En ce jour de souvenir, nous n’avons pas pleuré, mais célébré une œuvre éternelle », a-t-elle déclaré, estimant que le passé doit éclairer le futur, même s’il demeure incertain.
La forte mobilisation observée au siège du parti semble indiquer qu’un noyau dur de militants continue de croire à une régénération. Mais au-delà des mots et des hommages, le PDG devra répondre à une question fondamentale : comment se réinventer dans un paysage politique dominé par de nouveaux acteurs et des attentes citoyennes renouvelées ?
Un héritage lourd à porter, un avenir encore flou
La mémoire d’Omar Bongo Ondimba demeure un ciment historique indéniable pour le PDG. Mais l’invocation récurrente de son “esprit” ne suffira pas à masquer les fractures internes, les pertes de repères idéologiques et l’érosion de l’adhésion populaire.
Face à un contexte politique post-transition où la légitimité ne se décrète plus mais se reconquiert, le PDG semble aujourd’hui à la croisée des chemins : entre nostalgie d’un passé glorieux et nécessité d’une refondation pragmatique. Reste à savoir si les appels à l’unité résonneront au-delà des cérémonies commémoratives.