SOCIETE

Plaine-Orety – Déguerpissements à Libreville : entre indemnisations contestées et silence administratif, la vérité en suspens

Une semaine après le lancement de l’opération de déguerpissement à Plaine-Orety, dans le 1er arrondissement de Libreville, le climat reste tendu entre les populations sinistrées et les autorités gouvernementales. En toile de fond : des versions contradictoires sur le processus d’indemnisation, qui soulèvent des interrogations majeures quant à la transparence de l’opération et au respect des droits fondamentaux des citoyens concernés.

Une communication gouvernementale affirmative mais non documentée

Du côté du gouvernement, la ligne est claire. Selon le ministre de l’Habitat, Ludovic Megne Ndong, les indemnisations ont bel et bien eu lieu, et ce à deux reprises : d’abord sous la présidence d’Omar Bongo Ondimba, puis à nouveau sous celle d’Ali Bongo Ondimba. Des documents de paiement existeraient, les bénéficiaires auraient été recensés et dédommagés, certains ayant même été relogés à Awoungou.

Cette affirmation se veut rassurante et légitimante. Pourtant, aucune liste officielle des bénéficiaires ni preuve publique de ces indemnisations n’a été présentée. Une opacité qui alimente les doutes, fragilise la parole institutionnelle et laisse la place à de nombreuses spéculations.

Des victimes qui dénoncent un effacement sans alternatives

Sur le terrain, le contraste est saisissant. Plusieurs familles affirment ne jamais avoir été informées ni indemnisées, malgré des années passées sur les lieux, parfois avec des titres fonciers contestables mais jamais régularisés. D’autres concèdent avoir entendu parler d’indemnisations par le passé, mais estiment qu’elles ne les concernent pas, ayant bâti après lesdites opérations.

Des habitants du secteur dit « Carrefour Pacha », situé dans la même zone, redoutent d’être les prochains ciblés. Sans notification préalable, sans solution de relogement proposée, ils se sentent abandonnés et méprisés. Le silence des autorités locales et l’absence de dialogue accentuent ce sentiment d’injustice.

Dans tout processus de déguerpissement légal, des étapes précises sont requises : recensement des occupants, évaluation des biens, information préalable, compensation ou relogement. En pratique, il est encore difficile d’affirmer que ces exigences ont été respectées pour l’ensemble des déguerpis de Plaine-Orety.

Plus préoccupant encore, aucune autorité indépendante n’a été mobilisée pour superviser l’opération, et les recours pour les familles lésées semblent quasi inexistants. Le manque de transparence institutionnelle nourrit les tensions sociales et compromet la confiance dans l’action publique.

Une gestion de crise à repenser

Alors que le gouvernement gabonais affirme vouloir incarner un nouvel élan républicain fondé sur la justice sociale, la gestion du dossier Plaine-Orety pose un sérieux défi en matière de gouvernance. À défaut d’une publication rapide des listes de bénéficiaires, accompagnée de preuves irréfutables, la version officielle restera contestée.

Pour rétablir la confiance et éviter un précédent dommageable, la mise en place d’une commission indépendante d’enquête s’impose. Celle-ci devra établir les faits, évaluer les irrégularités potentielles, et recommander des solutions justes et humaines pour les populations concernées.

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