Second tour des législatives : le RPM joue la carte de la cohésion en soutenant les candidats de l’UDB

À quelques jours du second tour des élections législatives prévu pour le 11 octobre prochain, le paysage politique gabonais continue d’être animé par des jeux d’alliances et de repositionnements stratégiques. Dernier épisode en date : le Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM) a officiellement appelé ses militants à soutenir les candidats de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), parti présidentiel, dans les circonscriptions où il n’est pas en lice.
L’annonce a été faite le 7 octobre par le président intérimaire du RPM, Jean Robert Goulongana, à travers un communiqué qui se veut un signal fort de fidélité à la mouvance présidentielle. « Le RPM appelle l’ensemble de ses militants et sympathisants à apporter leur soutien aux candidats de l’UDB admis au second tour dans toutes les circonscriptions où ils ne sont pas en compétition avec les candidats investis par le RPM », a-t-il déclaré.
Une alliance stratégique pour consolider la majorité présidentielle
Dans un contexte électoral tendu où la recomposition politique post-transition redéfinit les rapports de force, cette décision du RPM illustre une volonté claire de préserver l’unité au sein de la coalition soutenant le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema.
L’objectif, selon Jean Robert Goulongana, est d’« assurer un bon résultat électoral à l’ensemble de la mouvance présidentielle » en favorisant une majorité stable et homogène à l’Assemblée nationale.
Cette stratégie, déjà amorcée lors du premier tour, traduit aussi la ligne de continuité du président fondateur du RPM, Alexandre Barro Chambrier. Ce dernier avait, à plusieurs reprises, exprimé son attachement à une dynamique de gouvernance apaisée et inclusive. « Le président de la République est le président de tous les Gabonais. La Constitution le place au-dessus des partis, et nous continuerons de l’appuyer à l’Assemblée nationale comme dans les collectivités locales », déclarait-il récemment.
Un geste d’unité dans un climat politique fragmenté
Le choix du RPM de s’effacer localement au profit de l’UDB est perçu par certains observateurs comme une manœuvre politique intelligente, voire nécessaire. À l’heure où les alliances électorales s’entrecroisent entre partis issus de la mouvance et formations indépendantes, la cohésion devient un enjeu majeur pour éviter la dispersion des voix et renforcer la légitimité du futur bloc parlementaire.
Cependant, cette posture n’est pas sans susciter des débats internes. Certains cadres estiment que le parti devrait davantage affirmer son identité politique, tandis que d’autres voient dans cette démarche une preuve de maturité et de loyauté institutionnelle.
« Il ne s’agit pas d’un renoncement, mais d’un acte de responsabilité politique », confie une source proche de la direction du RPM.
Vers une majorité présidentielle élargie ?
En soutenant ouvertement les candidats de l’UDB, le RPM contribue à la mise en place d’une architecture politique qui pourrait redessiner le paysage postélectoral. L’enjeu, pour la mouvance présidentielle, n’est pas seulement de gagner des sièges, mais de constituer une majorité cohérente, capable de porter le projet de société défendu par le chef de l’État.
Ce front commun entre le RPM et l’UDB apparaît donc comme un signal d’apaisement et de coordination politique, à un moment où le pays cherche encore à stabiliser ses institutions après une longue période de turbulences électorales.
En attendant le verdict des urnes du 11 octobre, cette alliance tactique laisse entrevoir une recomposition progressive du champ politique gabonais, dominé désormais par la volonté de concilier loyauté présidentielle et efficacité électorale.