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Crise énergétique : Le Gabon branche son avenir sur la Guinée équatoriale

Alors que les délestages paralysent le nord du Gabon depuis des mois, le gouvernement a trouvé une solution d’urgence en concluant un accord avec la Guinée équatoriale. Dix mégawatts d’énergie seront fournis à Bitam, Oyem et Medouneu pour tenter de stabiliser la situation. Si cet accord est présenté comme une avancée, il révèle surtout l’incapacité structurelle du Gabon à garantir son autonomie énergétique, exposant ainsi le pays à une dépendance étrangère croissante.

Un géant énergétique en panne

Le Gabon, pourtant riche en ressources naturelles, peine à répondre aux besoins énergétiques de sa population. La situation dans le Woleu-Ntem en est l’exemple flagrant. Malgré les discours récurrents sur le développement des infrastructures énergétiques nationales, le pays se retrouve aujourd’hui à importer de l’électricité d’un État voisin.

Comment un pays possédant un potentiel hydroélectrique immense peut-il être à court d’énergie ? L’explication réside dans des années de mauvaise gestion, d’absence de planification stratégique et de négligence des infrastructures.Cet accord avec la Guinée équatoriale n’est donc pas une solution innovante ou visionnaire : c’est un aveu d’échec.

Pendant que d’autres pays de la région investissent dans les énergies renouvelables et développent leurs propres capacités, le Gabon multiplie les partenariats de dépendance.

Un accord aux implications géopolitiques

Au-delà de l’aspect purement énergétique, cet accord soulève des questions géopolitiques. La Guinée équatoriale, historiquement en litige avec le Gabon sur l’île Mbanié, pourrait-elle tirer profit de cette nouvelle dépendance ? Rien ne garantit que cette aide ne soit pas utilisée à terme comme un levier de négociation sur d’autres dossiers sensibles.

L’interconnexion électrique Gabon-Guinée équatoriale, qui commence par alimenter Bitam depuis Ebebiyin, est certes une avancée en matière de coopération régionale. Mais à quel prix ? Certains observateurs craignent que le Gabon ne devienne un client permanent plutôt qu’un partenaire égal.

Un modèle énergétique à réinventer

La dépendance à l’égard d’une puissance extérieure n’est pas une fatalité. Le Gabon possède les ressources pour se hisser au rang des pays autosuffisants en énergie. Encore faudrait-il une réelle volonté politique et des investissements conséquents dans les énergies renouvelables : hydroélectrique, solaire, biomasse.

Malheureusement, le pays semble pris dans une spirale de solutions temporaires qui ne font que repousser l’échéance. À défaut d’une réforme en profondeur du secteur de l’énergie, ces accords d’importation deviendront la norme, laissant la souveraineté énergétique du Gabon toujours plus fragile.

Un signal d’alarme

L’accord avec la Guinée équatoriale doit être perçu comme un signal d’alarme, et non comme une victoire. Il illustre les limites d’un modèle de gestion fondé sur la réaction plutôt que l’anticipation.

Le Gabon peut et doit faire mieux.Le choix est simple : investir dès aujourd’hui dans des solutions durables ou continuer à dépendre d’une énergie étrangère, au risque de compromettre son avenir.

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