Note CCC maintenue par Fitch Ratings : le Gabon peine à convaincre les marchés

LIBREVILLE – Alors que le changement de régime intervenu en 2023 avait suscité de nombreux espoirs sur le plan économique, le verdict de Fitch Ratings tombe comme un rappel brutal des réalités structurelles du Gabon. L’agence internationale a confirmé, vendredi 20 juin 2025, la note de défaut à long terme en devises du pays à CCC, un classement synonyme de risque élevé de non-remboursement, et qui traduit une persistance des fragilités économiques et budgétaires.
Un signal négatif pour les investisseurs
La note CCC attribuée par Fitch Ratings est sans équivoque : le Gabon demeure dans la catégorie des pays à haut risque, avec un accès limité aux financements extérieurs et une économie insuffisamment diversifiée. Malgré une transition politique censée marquer une rupture avec les pratiques du passé, les indicateurs économiques fondamentaux ne se sont pas redressés, et la confiance des bailleurs de fonds reste ébranlée.
Fitch rappelle que, si le PIB par habitant du Gabon dépasse celui de plusieurs pays africains classés au même niveau, cette performance est effacée par une forte dépendance aux hydrocarbures, une gestion budgétaire encore défaillante, et un marché de la dette domestique toujours sous tension.
Une hausse des dépenses qui interroge
L’agence note une augmentation de 15 % des dépenses publiques en 2024, financée partiellement par l’accumulation d’arriérés, qui représenteraient 2,8 % du PIB. Cette tendance est jugée préoccupante, dans un contexte où les recettes de l’État déclinent, notamment à cause de la baisse du prix du pétrole brut sur les marchés internationaux.
Malgré une restructuration partielle de la dette intérieure, Fitch prévoit que le Gabon continuera d’accumuler des arriérés budgétaires au moins jusqu’en 2026, signe que les efforts d’assainissement ne sont pas encore à la hauteur des enjeux.
Une croissance en perte de vitesse
Les perspectives économiques sont peu rassurantes : la croissance devrait ralentir à 2,2 % en 2025, contre une moyenne de 5 % dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Ce tassement s’explique par la faiblesse de l’investissement public et privé, mais aussi par le manque de réformes structurelles capables de stimuler des secteurs non pétroliers.
Face à cette situation, les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement restent étroites, ce qui rend difficile la relance économique sans un soutien externe.
L’espoir placé dans un programme FMI
Pour restaurer la confiance et bénéficier de financements concessionnels, les autorités gabonaises misent sur un prochain programme avec le Fonds monétaire international (FMI). En attendant, le Gabon peut théoriquement accéder aux réserves de change de la CEMAC, mais ces ressources sont rigoureusement encadrées par la BEAC, afin de préserver la stabilité monétaire régionale.
Un décollage économique toujours attendu
Le maintien de la note CCC est un désaveu implicite pour le pouvoir en place. Il rappelle que le changement politique ne suffit pas à transformer un système économique sclérosé, caractérisé par une mauvaise gouvernance, une faible diversification, et une dépendance structurelle aux revenus pétroliers.
Pour espérer sortir de la zone de risque, le Gabon devra engager des réformes profondes, restaurer la transparence budgétaire, et surtout, convaincre ses partenaires qu’un vrai tournant est amorcé.