SOCIETE

Le “Djambo” : Entre passion du football et piège des paris au Gabon

Au Gabon, les jeux de hasard prennent de nombreuses formes, mais l’un des plus populaires reste le “Djambo”, surnom donné aux paris sportifs, particulièrement ceux liés au football. Ce phénomène, bien ancré dans le quotidien de nombreux Gabonais, attire des passionnés de sport comme des personnes désespérées à la recherche d’un revenu supplémentaire. Si le “Djambo” suscite engouement et espoir, il n’en demeure pas moins un miroir des inégalités sociales et des dérives économiques du pays.

Un loisir devenu une addiction

Le “BET” est bien plus qu’un simple loisir au Gabon. Pour beaucoup, c’est un mode de vie. Chaque jour, des centaines de personnes se ruent dans les kiosques pour parier sur les matchs de football européens et internationaux, espérant transformer une mise modeste en gains substantiels.

« Avec 500 francs CFA, tu peux gagner jusqu’à 50 000. Ça change tout, même si ce n’est pas tous les jours », explique Jean, un parieur régulier à Libreville.

Mais derrière l’attrait des gains rapides, le “Djambo” devient souvent une addiction. Certains parieurs, pris dans l’euphorie du jeu, n’hésitent pas à miser l’argent destiné à des dépenses essentielles comme la nourriture ou les frais de scolarité. Résultat : des familles plongent dans des difficultés financières accrues, alimentées par des pertes successives.

Un secteur lucratif, mais déséquilibré

Le succès du “BET” repose sur l’exploitation des passions populaires, notamment pour le football. Les entreprises de paris sportifs prospèrent, engrangeant des millions de francs CFA grâce aux mises des joueurs. Ces revenus, bien qu’ils génèrent des taxes pour l’État, ne bénéficient que marginalement à la population. Pire, les pertes des joueurs creusent encore davantage le fossé entre les classes sociales.

Le manque de régulation dans ce secteur alimente également des pratiques abusives. Les opérateurs multiplient les offres alléchantes pour séduire toujours plus de parieurs, sans mettre en place de véritables mécanismes de sensibilisation sur les dangers de l’addiction.

Des impacts sociaux alarmants

Au-delà de l’addiction, le “Djambo” engendre des conséquences sociales préoccupantes. Certains parieurs, pris dans une spirale de pertes, n’hésitent pas à sacrifier des dépenses essentielles, mettant en péril l’équilibre financier de leur foyer.

« J’ai vu des gens vendre leurs biens pour continuer à parier, pensant qu’ils allaient se refaire », raconte un gérant de kiosque.Les tensions familiales liées aux jeux d’argent se multiplient, tout comme les cas de surendettement. Par ailleurs, le “BET” détourne souvent les jeunes des opportunités éducatives et professionnelles, renforçant leur marginalisation.

Un miroir des défis socio-économiques

Le “Djambo”, bien qu’il soit perçu par beaucoup comme une source d’espoir, reste avant tout un symptôme des défis économiques et sociaux auxquels le Gabon est confronté. Si le football continue de faire vibrer les cœurs, il est essentiel de s’assurer que cette passion ne se transforme pas en un piège pour les plus vulnérables.

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