Allégeance à un homme ou à la République ? La sortie de Hugues Mboumba Nguema qui interroge la nature du pouvoir

C’est une prise de parole rare, mais lourde de sens. Dans une tribune empreinte de gravité, Hugues Mboumba Nguema, ancien Maire Adjoint du 1er arrondissement de Libreville et Membre de droit du Conseil National du Parti Démocratique Gabonais (PDG), est monté au créneau pour dénoncer avec fermeté une dérive symbolique qui pourrait, selon lui, fragiliser les fondements du nouvel édifice républicain en construction au Gabon.
En cause : une déclaration publique du Gouverneur militaire affirmant que « les militaires feraient allégeance au Président de la République élu ». Une formule qui, en apparence anodine, heurte de plein fouet les principes cardinaux de toute démocratie moderne, fondée sur la suprématie de la Constitution et la souveraineté populaire.
Un rappel au socle républicain
« Dans une République digne de ce nom, l’allégeance des forces de défense et de sécurité va à la Nation, à la Constitution, et au peuple souverain jamais à un homme, aussi légitime soit-il », rappelle Mboumba Nguema dans sa missive adressée au Président de la Transition. Ce rappel de bon sens institutionnel sonne comme un avertissement bienveillant, mais ferme, à l’attention du sommet de l’État.
À l’heure où le Gabon tente de se réinventer, après des décennies de pouvoir centralisé et personnalisé, les mots prononcés par les détenteurs de l’autorité publique ne peuvent être ni légers ni imprécis. Ils engagent l’esprit même de la Transition. Et à ce titre, toute confusion entre fidélité à l’État et loyauté à une personne jette un doute dangereux sur la trajectoire annoncée du pays.
Une Transition sous surveillance citoyenne
La sortie de l’ancien élu local n’est pas qu’un simple cri d’alarme. Elle témoigne d’une exigence montante de redevabilité, de clarté républicaine et de rigueur institutionnelle. Le peuple gabonais, qui a salué le renversement du régime précédent avec espoir, n’est pas prêt à troquer un pouvoir héréditaire contre un pouvoir militaire personnalisé. « Notre transition doit marquer une rupture claire avec les pratiques d’un autre temps », écrit-il avec insistance.
Le message est clair : le Gabon ne peut se permettre un simple ravalement de façade. Il lui faut un refondement profond, inscrit dans une logique de séparation des pouvoirs, de respect des institutions, et de refus absolu de toute dérive autoritaire, fût-elle légitimée par un contexte de Transition.
Une interpellation républicaine
S’adressant directement au Président de la République de Transition, Mboumba Nguema l’invite à clarifier la position officielle du pouvoir sur cette question cruciale. « Nous vous demandons solennellement de rétablir la clarté républicaine et de rappeler que dans le Gabon nouveau, nul n’est au-dessus de la République. »
Cette interpellation solennelle prend les traits d’un acte citoyen, empreint d’un sens aigu de l’Histoire. Elle rappelle que, dans toute société en mutation, les institutions ne se contentent pas de se réformer : elles doivent se réaffirmer avec force et pédagogie.
En prenant la parole, Hugues Mboumba Nguema n’a pas seulement rappelé une évidence constitutionnelle. Il a lancé un défi à la conscience collective : celui de rester vigilants face aux glissements symboliques qui peuvent, à terme, saper l’idéal démocratique.
La République gabonaise en Transition ne sera solide que si elle repose sur des mots justes, des actes forts, et un respect scrupuleux des principes républicains.
Les citoyens n’attendent pas des serments d’allégeance à un homme, mais des engagements inaltérables envers la Nation.