Le Président de la République offre 3000 postes à l’armée
Le président de la Transition, le Général Brice Oligui Nguema, a annoncé, lors de la cérémonie des vœux adressés aux Forces de Défense et de Sécurité, la création de 3000 postes budgétaires pour l’année 2025. Une décision saluée par les responsables militaires et présentée comme une avancée majeure pour consolider la sécurité nationale. Cependant, elle suscite également de vives interrogations sur l’équilibre des priorités nationales et la place de l’armée dans la gestion du pays.
Un renforcement stratégique ou une centralisation excessive ?
Depuis le coup d’État du 30 août 2023, l’armée occupe une position prépondérante dans la gouvernance gabonaise. La création de 3000 nouveaux postes s’ajoute à une série d’initiatives en faveur des Forces de Défense et de Sécurité : réhabilitation d’infrastructures, dotation en équipements modernes, construction de logements, et formations spécialisées. Si ces efforts traduisent une volonté de renforcer les capacités opérationnelles de l’armée, ils donnent également l’impression d’une centralisation excessive des efforts étatiques autour de ce secteur.
Cette orientation, bien que justifiée par la nécessité de maintenir la stabilité nationale, suscite des interrogations légitimes. L’État peut-il continuer à prioriser l’armée sans répondre aux attentes pressantes de la population civile ? Le déséquilibre apparent dans la répartition des ressources risque de créer un sentiment de marginalisation parmi les citoyens.
Des secteurs civils en souffrance
Alors que l’armée bénéficie d’investissements significatifs, les autres secteurs vitaux semblent relégués au second plan. Les hôpitaux publics peinent à fournir des soins de qualité faute de matériel et de personnel suffisant. Les écoles manquent cruellement de ressources, et les enseignants travaillent dans des conditions précaires. De leur côté, les jeunes, confrontés à un chômage galopant, attendent toujours des opportunités concrètes pour construire leur avenir.
Ce contraste alimente une frustration croissante au sein de la population. Si le renforcement des capacités militaires est important, il ne doit pas se faire au détriment des services publics essentiels, qui touchent directement la vie quotidienne des Gabonais. Une transition réussie se mesure également à sa capacité à répondre aux besoins fondamentaux de tous.
Une transition militaire ou nationale ?
La place centrale accordée à l’armée dans la gestion du pays soulève une question fondamentale : cette transition est-elle véritablement nationale, ou est-elle en train de devenir exclusivement militaire ? L’exhortation du président à cultiver la discipline et la « culture du secret » au sein des forces armées, tout en limitant leur utilisation des réseaux sociaux, reflète une volonté de contrôle et de recentralisation du pouvoir.
La transparence, la participation citoyenne, et l’équilibre entre les institutions civiles et militaires sont des piliers essentiels pour garantir une gouvernance inclusive et durable.
Des attentes fortes pour une gouvernance équilibrée
La décision de créer 3000 postes pour l’armée intervient dans un contexte où les Gabonais attendent des réformes plus globales et inclusives. L’éducation, la santé, et l’emploi doivent également bénéficier de mesures ambitieuses pour répondre aux attentes des citoyens. Sans cela, cette transition risque d’être perçue comme une gouvernance déséquilibrée, où seuls les intérêts militaires sont servis