POLITIQUE

Gabon – Félicitations ou capitulation ? Le PDG salue la naissance du parti présidentiel UDB

LIBREVILLE, 8 juillet 2025 (GabonActu24) – En politique, les gestes symboliques sont souvent lourds de sens. Ce lundi, c’est un événement pour le moins troublant qui a secoué les milieux politiques gabonais : le Parti Démocratique Gabonais (PDG), ex-parti hégémonique ayant régné plus de 50 ans sur le pays, a officiellement félicité la création de l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), nouveau parti fondé par le président Brice Clotaire Oligui Nguema.

« Le Parti démocratique gabonais adresse ses chaleureuses et cordiales félicitations pour la création régulière de cette formation politique dans un contexte national inédit », a déclaré Serge Mboula Mandi, porte-parole du PDG, dans un communiqué laconique qui a surpris jusque dans les rangs du parti lui-même.

Un parti qui salue un adversaire : normalisation ou reddition ?

Dans la plupart des démocraties matures, il est rare – pour ne pas dire inconcevable – de voir un parti politique féliciter la naissance d’un concurrent, encore plus lorsqu’il s’agit du parti d’un président en exercice. S’agit-il ici d’une marque d’élégance républicaine ou d’un aveu implicite de faiblesse et de ralliement déguisé ?

Le PDG, affaibli par la transition post-Ali Bongo et la perte de nombreux cadres partis rejoindre la mouvance présidentielle, semble aujourd’hui pris au piège d’un double discours : faire mine d’exister tout en cherchant à ne pas déplaire au nouveau pouvoir.

« Cette déclaration sonne comme un acte de soumission politique. Le PDG, incapable de se réinventer en force d’opposition crédible, semble préférer la survie institutionnelle à la confrontation démocratique », analyse un ancien ministre du régime Bongo, aujourd’hui retiré de la vie publique.

Un repositionnement stratégique… ou une absorption progressive ?

Plusieurs indices laissent penser que cette posture d’ouverture cache une dynamique plus profonde : celle d’un rapprochement progressif entre anciens réseaux du PDG et cercles décisionnels de l’UDB. Déjà, des figures historiques du parti apparaissent dans les coulisses du nouveau système, parfois même au sein des comités techniques ou des relais territoriaux de l’UDB.

« Ce que le PDG ne dit pas clairement, c’est qu’une partie de ses cadres sont déjà passés à l’UDB, parfois sans même démissionner formellement. C’est une mutation silencieuse », confie un observateur politique.

Le discours de “soutien au projet de société du président Oligui Nguema”, réitéré dans le même communiqué, renforce l’idée d’une stratégie d’alignement pour préserver des intérêts, au détriment de la clarté politique.

La démocratie en danger si les partis s’autocensurent

Plus qu’un simple fait divers politique, cet épisode soulève une question fondamentale : où se trouve l’opposition dans le Gabon post-transition ? Si les anciens partis dominants renoncent à critiquer ou à s’opposer, par calcul ou par peur, alors le pluralisme devient un décor vide, et le débat politique un théâtre d’ombres.

Le PDG, fort d’un ancrage territorial historique et d’une base encore structurée, aurait pu incarner une opposition républicaine lucide et exigeante. En choisissant la voie de la félicitation, il risque de perdre à la fois sa voix et sa crédibilité.

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