A LA UNE

BGFIBank : L’État gabonais en croisade contre Delta Synergie

Dans un virage inédit, le président de la transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, a ouvert un nouveau chapitre dans la bataille pour le contrôle des institutions économiques du pays. Le dernier dossier sur son bureau : les parts de Delta Synergie dans le capital de BGFIBank Holding Corp, la plus grande banque d’Afrique centrale. Cette démarche pourrait remodeler le paysage économique et politique du Gabon, tout en marquant une rupture nette avec les privilèges historiques du clan Bongo.

Le 25 novembre 2024, Delta Synergie, la holding emblématique du clan Bongo, a reçu une lettre tranchante. Dans ce document, consulté par plusieurs sources, l’État exige la cession de ses 9,91 % de parts dans BGFIBank, en échange de l’abandon d’un audit fiscal et de l’effacement des dettes fiscales et douanières de ses filiales. Une proposition ambitieuse qui reflète la volonté affichée d’Oligui Nguema : restaurer la souveraineté économique du Gabon en affaiblissant les piliers financiers du clan Bongo.

Au centre de cette guerre d’influence se trouve Henri-Claude Oyima, PDG de BGFIBank depuis 1985 et figure de proue du développement de l’institution. Autrefois soutien d’Oligui Nguema lors du putsch d’août 2023, Oyima se retrouve aujourd’hui en eaux troubles. Perçu comme un acteur aux ambitions politiques, il cristallise les tensions entre la junte et les anciens réseaux de pouvoir.

Pourtant, Oyima a permis à la banque d’atteindre des sommets financiers en 2024 avec un bénéfice record de 100 milliards de francs CFA. Ironie du sort : cette réussite pourrait bien accélérer sa chute, alors que des rumeurs évoquent un remaniement qui le verrait relégué à un rôle symbolique dans le gouvernement.

La volonté d’Oligui Nguema de renverser l’ordre économique établi soulève une question cruciale : cette manœuvre est-elle réellement destinée à rétablir la justice économique au profit du peuple, ou s’agit-il simplement d’une redistribution des cartes au sein de l’élite dirigeante ?

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button