Réforme électorale au Gabon : La fin des soutiens précoces, un tournant ou un mirage ?
C’est une annonce qui pourrait redéfinir le paysage politique gabonais. Ce vendredi 10 janvier 2025, l’Assemblée nationale a été le théâtre de la présentation d’une mesure inédite portée par le projet de réforme du Code électoral : l’interdiction stricte des motions de soutien et des appels à candidature avant l’ouverture officielle de la campagne électorale. Une initiative défendue par le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, et qui se veut une réponse directe aux dérives électorales observées par le passé.
Une promesse d’équité
L’idée est simple mais ambitieuse : interdire tout acte ou déclaration publique pouvant être perçue comme une campagne déguisée avant la période légale. Cette mesure vise à mettre fin aux tournées économiques, aux déclarations de soutien et aux appels à candidature prématurés qui, dans le passé, ont souvent favorisé les acteurs les mieux dotés en ressources ou en influence.
« Nous voulons garantir une compétition électorale juste et équitable pour tous les candidats. Le respect du calendrier officiel est essentiel à cette ambition », a martelé Hermann Immongault devant les députés.
L’ACSE, un gardien de l’équité électorale
Pour assurer le respect de cette nouvelle règle, la réforme prévoit la création de l’Autorité de Contrôle et de Supervision des Élections (ACSE), une institution indépendante chargée de surveiller et sanctionner les violations. L’ACSE aura les moyens d’intervenir sur tous les fronts, des manifestations publiques aux activités sur les réseaux sociaux.
« Toute tentative de contournement sera sévèrement réprimée », a averti le ministre, soulignant que cette réforme s’appuie également sur la participation active de la société civile pour renforcer la transparence.
Une mesure audacieuse, mais fragile
Malgré ses ambitions, cette interdiction soulève des interrogations. Si l’idée de moraliser le jeu politique est saluée, beaucoup doutent de sa mise en œuvre effective dans un contexte marqué par des pratiques informelles bien ancrées. Comment empêcher, par exemple, un candidat de mobiliser des soutiens via des canaux non officiels ou de dissimuler des appels à candidature sous des prétextes économiques ou culturels ?
Les réseaux sociaux, en particulier, sont pointés du doigt comme un espace où les campagnes déguisées pourraient prospérer. « Ce n’est pas parce qu’on interdit les manifestations physiques que les soutiens disparaîtront », prévient un analyste politique.
Une réforme à surveiller de près
Cette interdiction arrive à un moment où la confiance dans le système électoral gabonais est déjà fragilisée. Si elle est appliquée avec impartialité et rigueur, elle pourrait marquer un véritable tournant, en nivelant les conditions pour tous les candidats. Mais si elle est contournée ou instrumentalisée, elle risque de devenir un simple outil de contrôle politique, alimentant davantage la méfiance des électeurs.
Le défi est immense, mais la promesse est grande : poser les bases d’un processus électoral où les idées priment sur les manœuvres et où chaque Gabonais peut voter en toute conscience, sans manipulation. L’avenir dira si cette réforme est le début d’un renouveau démocratique ou une illusion supplémentaire dans l’histoire politique gabonaise.