Assises nationales sur l’emploi : Un énième colloque ou un véritable tournant ?

Le gouvernement gabonais a annoncé la tenue des Assises nationales sur l’emploi, sous l’égide du ministère du Travail et de la Lutte contre le Chômage, avec pour objectif d’identifier les freins au marché du travail et de proposer des solutions concrètes. Une initiative louable sur le papier, mais qui soulève de nombreuses interrogations. S’agit-il réellement d’une volonté de réforme structurelle ou simplement d’un exercice de communication pour donner l’illusion d’une prise en main de la question du chômage ?
Une urgence qui n’a que trop duré
Depuis des décennies, le Gabon fait face à un chômage chronique, particulièrement chez les jeunes. Pourtant, les gouvernements successifs ont multiplié les annonces et promesses, sans jamais apporter de solutions structurelles efficaces. En 2013, les Assises sociales avaient déjà identifié le chômage comme un problème majeur, mais les recommandations avaient été rapidement reléguées aux oubliettes.
Les causes sont multiples : inadéquation entre la formation et les besoins du marché, faible diversification économique et accès limité aux opportunités d’emploi dans les secteurs stratégiques. Face à cette réalité, le ministre du Travail, Adrien Nguema Mba, a souligné l’importance d’une concertation nationale pour formuler des recommandations concrètes et applicables.
« Nous devons identifier ensemble les blocages et trouver des solutions adaptées à notre contexte socio-économique », a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse du 26 février 2025.
Des débats sans lendemain ?
Le ministre du Travail, Adrien Nguema Mba, a promis une concertation sans « langage de bois ». Pourtant, comment croire que ces assises seront différentes des nombreux forums, ateliers et plans stratégiques déjà organisés, sans impact réel sur le terrain ?
Un rendez-vous pour le statu quo ?
En l’absence de réformes structurelles fortes, ces assises risquent de n’être qu’un rendez-vous de plus, où les mêmes constats seront faits sans décisions concrètes. Pire, elles pourraient servir d’outil de communication politique à l’approche de l’élection présidentielle, donnant l’illusion d’une action gouvernementale alors que la situation ne fait qu’empirer.
L’urgence est pourtant bien réelle : les jeunes gabonais n’ont plus le luxe d’attendre des promesses. La question est donc simple : le gouvernement prendra-t-il des décisions courageuses et immédiatement applicables ou se contentera-t-il de nourrir un débat stérile pour gagner du temps ?
L’histoire récente nous oblige à rester sceptiques. Les Gabonais attendent des actions, pas un colloque de plus.