Drogue au Gabon : les saisies s’accumulent, l’inquiétude grandit

Libreville, 4 avril 2025 – Depuis plusieurs mois, les autorités gabonaises multiplient les opérations de lutte contre le trafic et la consommation de drogues dans la capitale. La Direction générale des services spéciaux (DGSS) a récemment procédé à la saisie d’importantes quantités de substances illicites, estimées à près de 50 millions de FCFA en valeur marchande.
Cette opération s’inscrit dans une série d’actions menées depuis septembre 2024 visant à démanteler les réseaux de distribution et à restreindre l’accès aux produits psychotropes de plus en plus présents sur le territoire.
Une diversité inquiétante de substances
Parmi les produits saisis : du tramadol, de la cocaïne, de l’héroïne, de l’ecstasy, mais également des médicaments à usage détourné, comme le Cytotec (ou ses équivalents), souvent utilisés à des fins abortives. Les enquêteurs ont aussi découvert des pieds de chanvre indien, du tabac de contrebande, et des produits pharmaceutiques sans traçabilité, dont certains destinés à modifier l’apparence physique des femmes.
Les prix relevés sur le marché noir varient considérablement, certains sacs de tabac atteignant jusqu’à 700.000 FCFA, signe d’un marché parallèle bien structuré et potentiellement lucratif.
Des trafiquants de plus en plus inventifs
Selon la DGSS, les trafiquants redoublent d’ingéniosité pour dissimuler leurs marchandises. Des produits sont ainsi dissimulés dans des pots de crème, des tubes de chips ou encore des sacs de pharmacie, rendant le travail des enquêteurs complexe et demandant des moyens d’investigation de plus en plus sophistiqués.
Une jeunesse en première ligne
La prolifération de ces substances touche principalement les jeunes urbains, souvent confrontés à la précarité, au chômage ou à la déscolarisation. Plusieurs analystes alertent sur les conséquences sociales, sanitaires et sécuritaires d’une telle exposition à la drogue, dans un contexte où les structures d’accompagnement restent limitées.
Une réponse politique attendue
Face à cette recrudescence, les autorités de transition, sous l’impulsion du président Brice Clotaire Oligui Nguema, ont affiché leur volonté de renforcer la lutte contre le trafic de drogue. Toutefois, plusieurs observateurs appellent à des politiques publiques intégrées, incluant à la fois la répression, la prévention, et l’accompagnement psychosocial.
En attendant, les saisies se poursuivent, et chaque nouvelle annonce officielle s’accompagne d’un même constat : la menace liée à la drogue s’enracine, et impose une mobilisation plus large de l’ensemble des acteurs institutionnels, éducatifs, sanitaires et communautaires.