Gabon : Sylvia et Noureddine Bongo libérés pour raisons médicales ,une procédure fragilisée par le départ à l’étranger

La mise en liberté provisoire de Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddine Bongo Valentin, décidée le 14 mai par la Première chambre d’accusation spécialisée de Libreville pour des raisons médicales, suscite de nombreuses réactions. Si cette décision repose officiellement sur des certificats médicaux établissant une incompatibilité avec le milieu carcéral, le départ des deux intéressés vers l’Angola remet en question la capacité du système judiciaire à garantir la continuité de la procédure.
Des raisons médicales avancées, une sortie de territoire confirmée
C’est sur la base de certificats médicaux signés par le médecin-chef de la prison centrale et par le médecin général Jean-Raymond Nzenze de l’Hôpital militaire de Libreville (HIAOBO) que les avocats de la défense ont introduit une demande de liberté provisoire. L’Agence judiciaire de l’État ne s’est pas opposée à cette demande, invoquant « des raisons humanitaires ».
Le Procureur général, Dr Eddy Minang, a tenu à rappeler que cette décision reste conforme aux articles 132 et 143 du Code de procédure pénale, insistant sur le fait que « la liberté est le principe, la détention l’exception ». Pourtant, l’absence d’information officielle sur les conditions de leur départ à l’étranger interroge.
Une procédure toujours en cours, mais désormais à distance
Selon les autorités judiciaires, la procédure suit son cours et le procès reste à venir. Toutefois, la présence des mis en cause sur le territoire angolais complexifie de fait l’organisation d’éventuelles audiences. Aucun dispositif juridique clair n’a été annoncé quant à leur représentation ou à leur obligation de comparaître.
Dans un contexte post-transition où les autorités ont affirmé leur volonté de rupture avec les pratiques passées, cette situation est perçue par une partie de l’opinion comme un premier test pour la Vème République.
Une décision légale, mais politiquement sensible
Sur le plan strictement juridique, la mise en liberté provisoire peut se justifier. Cependant, sur le plan symbolique, cette décision soulève des inquiétudes légitimes. Elle donne à certains le sentiment d’un traitement de faveur, à rebours des attentes exprimées par une partie de la population en matière de justice et de responsabilité.
En l’absence de communication officielle de la part du gouvernement ou du ministère de la Justice, les interrogations persistent. Comment assurer un procès équitable si les principaux inculpés résident à l’étranger ? Quelles garanties le parquet a-t-il obtenues ? L’exécutif reste jusqu’ici silencieux sur ces points.